C’est le trouble du rythme atrial (provenant des oreillettes) le plus fréquent : il touche 1 % de la population générale, 10 % au-delà de 80 ans. On parle aussi bien d’arythmie, de fibrillation que de FA (fibrillation atriale) ou d’ACFA (arythmie complète par fibrillation atriale), à ne pas confondre avec la fibrillation des ventriculaire, responsable d’arrêts cardiaques en quelques secondes.

Dans les oreillettes, il existe parfois un stade préliminaire à la FA, sous la forme d’extrasystoles atriales (ESA) qui correspondent à des formes ponctuelles (un ou quelques battements cardiaques anormaux) d’une fibrillation qui par définition dure plus de 30 secondes, parfois des heures, des jours voire des mois pour éventuellement devenir définitive. A ce sujet, les patients souffrant de FA sont distingués en 3 types selon la chronologie de leur arythmie. On parle ainsi de FA paroxystique (durée d’arythmie inférieure à 7 jours, généralement quelques heures, qui s’arrête spontanément), de FA persistante (durée supérieure à 7 jours et/ou besoin d’une intervention pour l’interrompre : prise de médicaments ou choc électrique) ou de FA permanente lorsqu’on décide de capituler à restaurer le rythme normal.

La FA est aussi le trouble du rythme atrial le plus complexe, c’est-à-dire fait de signaux électriques très rapides, désorganisés, ou chaotiques, provenant de plusieurs foyers ou circuits de mauvaises impulsions siégeant dans les parois des oreillettes gauche et droite. Certains secteurs des oreillettes sont plus propices à héberger des foyers d’arythmie, notamment l’abouchement des quatre veines pulmonaires dans l’oreillette gauche qui est la cible prioritaire d’une ablation. Parmi ces zones arythmogènes, les médecins distinguent toute une panoplie d’anomalie de l’activation électrique : on parle de rotors (foyer électrique qui décharge en provoquant une activation rotationnelle très rapide, comme un cyclone), de foyers qui déchargent rapidement provoquant une activation centrifuge (souvent présent à proximité des veines pulmonaires), ou de courts-circuits de plus ou moins grande taille tournoyant dans les oreillettes. Certains de ces grands courts-circuits peuvent exister isolément, notamment le flutter de l’oreillette droite qui a un aspect très différent de celui de la FA sur l’ECG. Dans tous les cas, en fibrillation ou en fluttter, il n’y a plus de logique à la circulation du courant électrique dans les oreillettes en fibrillation, le cœur perdant son rythme normal, dit sinusal, en référence au « noeud sinusal » qui est l’unique source naturelle d’activation normale dans l’oreillette droite.

Exemple de tracés de rythme sinusal, extrasystoles, fibrillation et flutter atrial

Symptômes

Palpitations, fatigue, malaises, essoufflement, parfois à des degrés très poussés, peuvent être la conséquence d’une fibrillation atriale.

Et parfois rien… Pas la moindre manifestation, ce qui fait qu’elle peut être découverte de façon fortuite lors d’un examen médical.

Quelles causes ?

C’est l’un des effets du vieillissement cardiaque, mais aussi de l’évolution de la plupart des maladies du cœur.

Il n’est pas rare qu’elle survienne également sans aucune maladie cardiovasculaire sous-jacente, pour des raisons encore mal connues mais surement anatomiques, génétiques et liées aux modes de vie. On la dit alors idiopathique.

L’origine de la fibrillation est dans une grande majorité des cas la présence dans les veines pulmonaires qui arrivent à l’oreillette gauche, de zones électriquement actives (voir chapitre sur ablation de la fibrillation atriale). Cela a de l’importance pour le traitement par ablation. Parfois plus de zones sont concernées, notamment si la maladie a évolué ou s’il existe d’autres problèmes cardiaques associés.

Que se passe-t-il pendant une fibrillation atriale ?

Les oreillettes battent à des fréquences dépassant souvent 300/min. Leurs signaux sont irréguliers. La contraction des oreillettes s’en trouve affaiblie (dans les cas où la maladie des oreillettes est évoluée, leur contraction est même totalement inefficace). On estime que cette contraction atriale participe pour entre 10 et 15 % au débit cardiaque.

Les battements du cœur, traduction des contractions ventriculaires, sont également très irréguliers. En effet, la connexion électrique entre oreillettes et ventricules (le nœud auriculo-ventriculaire) filtre les fréquences trop rapides en ne laissant passer l’influx que de temps en temps. La fréquence des ventricules, et donc du cœur, peut être rapide ou lente, sans présager de celle des oreillettes, en fonction de la force de ce filtre entre les deux.

Quels risques ?

  • Thrombose : la FA peut provoquer la formation d’un caillot ou thrombus sanguin dans l’oreillette (surtout gauche), dans un appendice appelé auricule, où la circulation sanguine est la plus ralentie ; un tel thrombus peu migrer dans la circulation générale et provoquer un embole : un AVC si l’embole est cérébral, une souffrance de tout autre organe où l’embole arriverait.
  • Insuffisance cardiaque : la FA fait perdre au cœur une partie de son débit et provoque une irrégularité plus ou moins bien supportée des ventricules, ce qui peut altérer sérieusement la fonction cardiaque et provoquer tous les stades, du plus léger au plus grave, de l’insuffisance cardiaque ; on rapporte aussi classiquement des malaises et syncopes liées à cette baisse de débit.
  • Dilatation des oreillettes : les oreillettes en fibrillation fonctionnent mal et grossissent, se dilatent, du fait de plusieurs mécanismes (altération des fibres par la fibrillation, augmentation des pressions de circulation du sang…) ; plus la fibrillation dure et plus les oreillettes auront donc du mal à revenir à la normale.

Quels traitements ?

  • Médicaments anticoagulants : ils sont quasiment systématiques, sauf chez les patients présentant un très faible risque d’embole : jeunes sans aucune autre anomalie cardiaque
  • Le choc électrique externe : voir chapitre – il permet d’arrêter une fibrillation atriale et de restaurer le rythme normal (rythme sinusal), lors d’une brève anesthésie générale
  • Médicaments antiarythmiques : prescrits pour limiter les récidives, ils peuvent parfois être pris au coup par coup pour tenter d’arrêter une crise ; ils sont parfois abandonnés chez les patients ayant une FA au stade évolué, chronique et permanent, sans espoir de retour au rythme normal
  • Ablation : voir article