Quand réalise-t-on un choc électrique externe ?

Tous les troubles du rythme soutenus (voir chapitre Arythmies) peuvent faire l’objet d’une cardioversion qui arrête la crise en cours.

En urgence

Lors d’une fibrillation ventriculaire ou d’une tachycardie ventriculaire mal tolérée, la cardioversion est une urgence vitale absolue afin de mettre un terme à  ces arythmies, qui causent un arrêt du fonctionnement cardiaque. De la rapidité à laquelle cette cardioversion est réalisée dépendent la survie et les séquelles d’un tel arrêt cardiaque.

Dans les lieux publics, les défibrillateurs semi-automatiques (DSA) permettent de réduire les délais en assurant la présence de l’outil indispensable sans devoir attendre l’arrivée des secours.

En milieu hospitalier,  ainsi que dans les unités de secours (pompiers, SAMU…) ces mêmes DSA et des défibrillateurs manuels permettent ce geste.

NB : parfois, des arythmies autres que ventriculaires peuvent être mal tolérées, notamment lorsque la fréquence cardiaque très élevées rend le cœur moins efficace, et constituent alors une urgence à réaliser un choc. Il s’agit néanmoins rarement d’une urgence vitale comparable à celle des troubles du rythme ventriculaires.

En dehors de l’urgence

Il s’agit alors de traiter une crise de trouble du rythme pour lui mettre un terme. On parle de réduction de la crise.

Cela concerne généralement des troubles du rythme atriaux tels que la fibrillation atriale. Les autres arythmies (voir chapitre) peuvent également en relever.

La décision de réaliser un tel choc électrique dépend de chaque cas. C’est le moyen le plus efficace d’arrêter toute arythmie soutenue, mais il n’a aucun rôle préventif pour éviter une récidive. Ainsi, la durée de stabilité du rythme normal qui en découle dépend du cas traité, en fonction des risques de récidive de chacun.

Le choc est généralement accompagné d’un traitement antiarythmique qui assure autant que possible ce rôle de prévention des récidives.

L’intervention en pratique

La préparation

La plupart du temps, les arythmies traitées comportent un risque de thrombus intracardiaque et d’embole (voir chapitre Arythmies). Lors de la cardioversion, il existe une majoration de risque de migration d’un éventuel caillot, ce qui implique une préparation par au moins trois semaines d’anticoagulation efficace. Si cette anticoagulation n’était pas suffisante, l’intervention peut être reportée ou alors, réalisée après vérification par échographie trans-œsophagienne de l’absence de thrombus.

Il faut également en général prévoir un traitement antiarythmique pour aider le rétablissement du rythme normal et éviter une récidive rapide de l’arythmie.

Le séjour hospitalier

Il peut être ambulatoire ou durer environ 2 jours.

L’anesthésie

Une anesthésie générale est nécessaire. Elle est brève et légère, avec un réveil généralement très rapide et simple.

Le choc

Il est délivré par un médecin, généralement cardiologue, qui utilise un défibrillateur externe. Des gels (ou des plaques) conducteurs sont utilisés pour faciliter le passage cutané du courant et réduire la brûlure. Les appareils actuels sont bi et triphasiques, c’est-à-dire qu’ils délivrent une énergie importante sans grande tension électrique, ce qui a énormément réduit les lésions cutanées (pratiquement inexistantes désormais).

Et après

Une fois la crise arrêtée, la prise en charge se poursuit auprès du cardiologue, car le choc ne traite pas le problème de fond et ne prévient pas les récidives.

En fonction de la pathologie traitée, cette prise en charge peut comporter des médicaments antiarythmiques, une ablation

A noter que la répétition de chocs électriques chez une même personne est tout à fait possible et ne fait pas courir de risque particulier. En revanche, l’idée du recours à des chocs multiples peut être le signe que la prise en charge annexe n’est pas suffisante pour éviter les récidives et que d’autres mesures sont nécessaires…