La tachycardie jonctionnelle est un emballement du cœur en provenance de la zone de jonction entre oreillettes et ventricules.

Symptômes

Les symptômes caractéristiques sont des accélérations intempestives régulières du rythme cardiaque à des fréquences souvent très élevées, au-dessus de 180 par minute, démarrant et s’arrêtant d’un seul coup.

Que se passe-t-il pendant une tachycardie jonctionnelle ?

Deux mécanismes, plusieurs noms : essentiellement deux types de tachycardie peuvent provenir de la jonction, et plusieurs dénominations sont retrouvées dans le langage médical et dans le langage courant.

Tachycardie intra-nodale

Le premier mécanisme est la tachycardie « nodale » ou «réentrée intra-nodale », fréquente, bénigne voire banale, et qui correspond à ce qu’on appelle souvent la Maladie de Bouveret ou encore, les crises de Bouveret. On la nomme aussi la tachycardie paroxystique bénigne.

Le circuit de la tachycardie se fait pratiquement au sein même des tissus de conduction électrique du nœud atrio-ventriculaire, par une sorte de boucle entre la conduction normale ou voie rapide, et une partie de tissu qui serait un peu différente, appelée la voie lente.

Voie accessoire

L’autre mécanisme emprunte une voie accessoire, moins fréquente mais tout aussi routinière à traiter en rythmologie. Cette voie est aussi appelée faisceau de Kent.

C’est une connexion électrique supplémentaire et anormale entre oreillettes et ventricules présente dès la naissance. Une tachycardie peut survenir en court-circuitant le rythme normal par une boucle entre la voie accessoire et la voie de conduction normale.

Parfois, cette voie accessoire donne un aspect très particulier à l’électrocardiogramme en rythme normal, parce que l’activation électrique des ventricules se fait à la fois par la voie normale et par la voie accessoire. C’est ce que l’on appelle une pré-excitation du ventricule. L’association des tachycardies et de cet aspect particulier à l’électrocardiogramme est appelé le Syndrome de Wolff Parkinson White.

Quels risques ?

Tachycardie intra-nodale

Une tachycardie intra-nodale n’entraine ni fatigue du cœur, ni risque de thrombus et d’embole. Elle est réputée parfaitement bénigne et ne peut avoir des conséquences que par des modalités indirectes, en raison de la fréquence parfois très rapide du cœur qui peut être dangereuse dans certaines circonstances : conduite, métiers à risque, plongée, escalade…

Il faut aussi noter que chez certaines personnes, les tachycardies jonctionnelles peuvent déclencher une fibrillation atriale.

Le syndrome de Wolff Parkinson White

Le syndrome de WPW peut, lui, être dangereux, avec notamment un risque connu de mort subite, néanmoins relativement rare. La connexion accessoire entre oreillettes et ventricules ne se comporte pas comme le nœud atrio-ventriculaire, et ne crée notamment pas de filtre entre les deux structures. Aussi, une arythmie rapide des oreillettes peut potentiellement être transmise sans filtre aux ventricules. La dangerosité dépend des caractéristiques de la voie accessoire. A l’extrême, un faisceau de Kent « malin » pourra transmettre des fréquences au-delà de 250/min et entrainer un arrêt cardiaque en cas de FA. Or, il faut rappeler le risque de FA lors d’une tachycardie jonctionnelle, relativement rare mais qui est majoré quand le mécanisme est un syndrome de WPW.

Quels traitements ?

Parfaitement bénignes pour la plupart, notamment pour ce qui est des tachycardies intra-nodales, les tachycardies jonctionnelles sont traitées en fonction de la gêne qu’elles occasionnent au patient.

  • Abstention thérapeutique : souvent, les tachycardies intra-nodales peuvent être bien supportées, lorsqu’elles sont rares et peu prolongées
  • Manœuvres vagales : cherchent à arrêter la crise (voir plus loin)
  • Médicaments :
    • en cas de récidives gênantes, de crises prolongées malgré manœuvres vagales, un traitement médicamenteux peut être essayé, en cas de crise ou quotidiennement
    • pour arrêter une crise qui dure, les secours, le médecin administre parfois un médicament radical par voie veineuse
  • Choc électrique : dans certains cas, une crise doit être arrêtée par choc après échec des médicaments
  • Exploration et ablation : voir chapitre – le traitement de référence est de nos jours l’ablation, en cas de gêne pour les intra-nodales ; pour les syndromes de WPW, une exploration est au moins nécessaire, pour connaitre la nature dangereuse ou non de la voie accessoire ; elle est volontiers traitée par ablation si nécessaire.
  • Manœuvres vagales : l’obtention d’un réflexe vagal, c’est-à-dire d’un frein du système nerveux autonome, peut arrêter une tachycardie jonctionnelle. Les différentes manœuvres sont :
  • Avant tout, cessation de tout effort, repos et calme
  • Inspiration profonde puis blocage de l’expiration avec effort de poussée (manœuvre de Valsalva)
  • Boire un grand verre d’eau froide
  • Bain dans l’eau froide
  • Trouver le pouls carotidien, sur l’artère carotide au cou, et appuyer fortement dessus (massage sino-carotidien)
  • Appuyer fortement sur les deux yeux (manœuvre que nous ne conseillons pas car devant être très douloureuse pour être efficace et risquée – décollement de rétine)